Histoire insolite – Délit de ressemblance – Article

Crimes et Histoires

Délit de ressemblance

Ottilie Meissonier arpentait une rue de Londre un soir des années 1890 quand elle aperçu soudain, à la lueur des réverbères, un homme d’âge moyen qu’elle n’eut aucune peine à reconnaitre aussitôt ; c’était l’escroc qui lui avait volé deux montre et des objets de valeur quelques semaines plus tôt.

L’homme rejeta l’accusation en se présentant comme un norvégien nommé Adolf Beck à qui cette dame était inconnue. Mais les témoignages étaient accablants. Dix femmes le désignèrent lors de séances d’identification et la police conclut que c’était bien John Smith, un criminel notoire. Le tribunal de l’Old Bailey lui infligea alors sept ans de prison.

Il continua de clamer son innocence en prison, mais toutes ses demandes de disculpation auprès du ministre de l’intérieur échouèrent. Trois ans après sa relaxe, il fut à nouveau accusé de vol par une autre femme et se retrouva au tribunal, en butte aux mêmes accusations qu’auparavant.

Alors qu’il attendait le verdict, survint une extraordinaire coïncidence. Un autre homme fut arrêté alors qu’il gageait des bagues. C’était Wilhem Meyer, un autrichien qui ressemblait de façon frappante à Beck et se faisait parfois appeler John Smith. Il avait dérobé les bagues de plusieurs femmes selon une méthode tout à fait identique à celle des vols antérieurs.

Ce n’était pas tout. Meyer était juif et, comme tel, circoncis – ce qui, d’après les documents de police, étaient aussi le cas de John Smith. Or Beck ne l’était pas et l’avait d’ailleurs souligné à son procès. De plus l’écriture de Beck différait totalement des échantillons attribués à Smith. Les experts y avaient vu de sa part un stratagème affin de brouiller les pistes. Mais à présent, l’erreur judiciaire sautait aux yeux. Meyer finit par plaider coupable de tous les crimes et Beck fut officiellement disculpé en 1904. Il ressorti libre avec 5 000 livres de dédommagement.

Mais ces épreuves l’avaient complètement brisé. Il dépensa tout son argent sans compter et mourut dans un quasi dénuement. Cette histoire eut néanmoins une conséquence positive : peu après la mort du malheureux Adolf Beck, on constitua la cour d’appel affin de prévenir de telles erreurs.

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lundi 5 novembre 2007 à 20:29

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